La Process Communication au quotidien

Je suis certifiée depuis maintenant 2 ans et j’ai remarqué que j’utilise la Process Communication non seulement lors de mes animations, mais également à beaucoup d’autres moments, dans ma vie professionnelle comme dans ma vie personnelle.

 

Au quotidien, il est étonnant, avec la grille de la Process Com, d’observer comme il est plus aisé de comprendre les réactions des uns et des autres, notamment lorsque leurs besoins psychologiques ne sont pas assouvis. Lors d’un stage Process Com que j’ai animé il y a quelques temps, j’ai été confrontée à un stagiaire qui avait un énorme besoin d’attirer l’attention à lui, par de la provocation et de la surenchère. J’aurais trouvé, avant d’être formée à la Process Communication les mots pour le comprendre, mais je pense que son attitude m’aurait bien plus agacée. J’ai pu prendre du recul pour traiter ce cas et à la fin de la formation, je suis même revenue sur ses réactions comme exemples d’attitude de type rebelle sous stress. Il a été flatté et amusé d’être pris en exemple et les autres ont pu, ainsi, bien cerner l’intérêt de comprendre certaines attitudes, à la lumière de la Process Communication.

 

D’après moi, ce modèle nous propose de mieux comprendre nos attitudes ainsi que celles des autres, les difficultés des personnes que nous croisons et d’expliquer à nos proches les raisons de certaines réactions qui peuvent paraître incompréhensibles.

Il y a quelque temps, par exemple, j’ai pu comprendre une personne à dominante rebelle qui réagissait, à l’excès à mon goût, à tout ce qui l’entourait, ce que j’aurais été incapable de faire auparavant. J’ai plaisanté avec lui sur le fait qu’il avait certainement besoin de réagir à tout ce qu’il entendait autour de lui, mais que de mon côté, j’avais besoin de calme et de voir respecter mon rythme, j’ai donc abouti à une solution négociée pour le restant de la journée.

Le type rebelle est dans la réaction, il a besoin d’être en contact avec d’autres ou de réagir à son environnement. Le meilleur contact se fait sur le mode ludique. Pour lui, il est important de passer par la blague, la plaisanterie. De plus, la personne qui a une composante rebelle importante attendra des autres qu’ils en fassent de même. Il faut attirer son attention (avec légèreté, sinon il s’agacera vite) sur le fait que ce n’est pas manquer d’humour de ne pas réagir comme lui, mais que notre besoin d’entrer en contact avec notre environnement se traduit autrement et est tout autant respectable.

 

C’est donc un modèle qui permet une meilleure connaissance des autres, mais avant tout, une meilleure connaissance de soi.

Cependant, il faut rester toujours très prudent et ne pas mettre les personnes dans des cases, ce qui irait à l’encontre de ce modèle qui est avant tout un appel à la tolérance et à la compréhension de l’autre. Je pense nécessaire de le rappeler avec insistance aux nouveaux formateurs.

 

Pour qu’il reste pertinent, nous ne devons pas réduire, nous, formateurs et coachs, l’individu à un type de personnalité et oublier de l’écouter dans sa complexité. Le risque est grand de passer, alors, à côté de l’autre et de son histoire, et tout simplement, de ce qu’il a à nous dire. Il ne faut pas oublier que nous sommes faits de contradictions et de défenses qui peuvent compliquer sérieusement ce que nous laissons à voir et à entendre.

Lors d’une interprétation de profil, nous devons donc veiller à ce que la personne se reconnaisse, car elle peut avoir une base et une phase définies, mais en fonction de ses contradictions, se retrouver à travers certaines caractéristiques qui correspondent, a priori, à d’autres types de personnalités.

Il est important de lui apporter notre interprétation avec soin tout en nous assurant qu’elle lui corresponde et en respectant sa vision d’elle-même et ce qu’elle est prête à entendre. Comme dans toute interprétation liée à la personnalité, il est important d’entendre ce que la personne est prête à accepter, ce qui peut lui permettre d’acquérir un certain recul par rapport à ses caractéristiques pour éviter tout blocage.

 

Néanmoins, ce qui me paraît particulièrement intéressant dans cet outil est qu’il offre la possibilité d’être, à la fois, dans la compréhension de soi et des autres, donc sur un aspect profond de la personnalité et également, sur un aspect plus accessible, celui de la communication.

 

J’ai pu noter, à travers les formations que j’ai animées, que les points particulièrement riches, dans ce modèle, sont ceux qui ont trait aux besoins psychologiques et aux comportements sous-stress.
Par exemple, lors d’une cohésion d’équipe, que j’animais avec une collègue, nous avons pu insuffler à l’équipe en question une belle compréhension des différents types de personnalité et des besoins associés. Ceux qui se reconnaissaient dans les comportements sous-stress abordés ont pu expliquer, sans crainte d’être jugés, ce qu’ils avaient pu repérer les concernant.

Le fait de reconnaître comme « normal » d’adopter telle ou telle attitude, sous-stress, permettait à chacun de mettre des mots simples et de se réapproprier une légitimité dans ses comportements, qu’il cherchait parfois à cacher auparavant.

 

J’ai eu, également, l’occasion de sensibiliser une mère de famille au fait que son fils, au delà d’une crise d’identité liée à l’adolescence, était peut-être dans une phase Rêveur, et que de lui répéter sans cesse : « Secoue-toi ! Fais quelque chose ! » était non seulement inefficace et improductif, mais devait, de plus, avoir un effet contraire à celui attendu sur le jeune homme. Effectivement, il avait tendance à se renfermer de plus en plus. Je lui ai donc suggéré de lui donner des consignes précises mais également de respecter son besoin de solitude. Je ne sais pas si cette mère a réussi à améliorer la situation, mais elle a certainement changé son rapport à son fils car elle a compris qu’il pouvait aussi être dans une phase où il avait besoin d’aide et non uniquement de remontrances.

 

Le fait de pouvoir nommer et voir reconnus nos besoins spécifiques rassure. Les personnes concernées se sentent ainsi faire partie intégrante d’une communauté qui partage les mêmes besoins, ce qui leur donne une juste importance. Il faut se rappeler, également, qu’il est important de voir nos besoins reconnus, même s’ils ne sont pas forcément satisfaits, car cette reconnaissance nous permet d’exister aux yeux des autres et ainsi d’avancer à partir de ce que nous sommes et ce qui est important pour nous.

 

L’un des points forts de ce modèle est donc l’explication du comportement sous stress, selon laquelle nous allons être amenés à satisfaire nos besoins de manière négative si nous n’avons pas pu les satisfaire de manière positive. Cette explication est souvent une révélation pour les stagiaires des formations en Process Communication.

 

Ils ont, là aussi, une grille de lecture qui les aide à prendre du recul par rapport à leurs réactions, à mieux les comprendre et à, éventuellement, les anticiper.

 

Ils peuvent ainsi avoir des réponses à des questions primordiales :
- Qu’est ce qui fait que je me sente stressé dans telle ou telle situation alors que mon collègue ne l’est pas ?
- Pourquoi il m’est particulièrement difficile de travailler ou de communiquer avec telle personne ?
- Pourquoi je me sens mal à l’aise dans tel environnement ?
- Pourquoi je peux paraître rigide alors que pour moi ce que je fais ou dis est normal ?

 

Lever les incompréhensions et anticiper les tensions, c’est ce que permet la Process Com. tout en nous proposant d’accroître notre présence dans notre relation aux autres. Il ne s’agit pas de nous dédouaner en refusant notre part de responsabilité, il est plutôt question d’accentuer notre conscience de nous-mêmes et de nos relations aux autres en prenant conscience de nos comportements, de nos réactions sous stress et de leurs conséquences sur autrui.

 

 

Martine Lavergne